I. La motivation
J’installe Ubuntu un peu partout depuis quelques mois.
Cela semble satisfaire mes clients car avec le bouche à oreille, de plus en plus de monde m’appelle pour me dire "Vous avez installé "Munux" (c’est comme ça qu’on me l’a prononcé la dernière fois) sur le PC portable de mon collègue de travail et il ne m’en dit que du bien, pouvez-vous venir à la maison pour l’installer sur nos trois ordinateurs ?".
Après avoir fait un peu le tour, par téléphone, de l’utilisation que ces personnes ont de l’informatique, on se donne rendez-vous, chez eux pour une démonstration en vue d’une installation sur leurs trois PC.
Je vais donc chez eux un mardi, je leur explique bien les avantages d’Ubuntu par rapport à Windows et leur dit que tout ce qu’ils font sous WIndows est faisable sous Ubuntu grâce à des logiciels équivalents.
Ensuite je fais une démonstration d’environ deux heures grâce au Live CD de manière à leur montrer qu’il est possible de faire absolument tout ce qu’ils faisaient sous WIndows mais plus rapidement et plus facilement. Donc, pendant ces deux heures, nous listons les différentes usages qu’ils ont de leur ordinateur (Internet, mails, gravure, téléchargement , audio-vidéo, etc.) et je leur montre les logiciels à utiliser, que c’est très facile de le faire sous Ubuntu.
Tout le monde est ravi : "Oh oui c’est vraiment plus simple", "Moi j’adore le cube qu’on fait tourner là", "Si c’est si facile, pourquoi personne n’utilise ce système", "Oh pi’ comme il n’y a pas de virus, on va pouvoir télécharger sans crainte" (les réflexions habituelles quoi).
Après cette démonstration, le choix est fait d’installer uniquement Ubuntu sur deux machines et de laisser un dual-boot sur une autre machine (pour les jeux). Je leur explique bien de faire les sauvegardes de leur machines et on se donne rendez-vous le lendemain pour les installations.
II. Le doute
Je reviens donc le lendemain à 14 heures, au moment où j’arrive chez eux, la maîtresse de maison s’en va et me dit au passage : "Je vais chez le réparateur pour rechercher l’ordinateur car il a grillé hier, on l’a donc amené ce matin". L’alimentation avait grillée dans la soirée de la veille.
Donc là je rentre et le chef de famille ne sort tout troublé "Tu es sûr que Linux c’est aussi bien que ça ?". Quelle question, je demande qu’il s’explique et là il me sort :
"En fait on a amené l’ordinateur chez le réparateur ce matin et je lui ai demandé ce qu’il pensait de Linux, si il pensait que c’était une bonne idée que je l’installe. Aussitôt il est monté sur ses grand chevaux et m’a affirmé que Linux était une vrai m***, que c’était un logiciel plein de bugs créé par un étudiant russe pour des étudiants uniquement.
Il m’a dit aussi que rien n’était reconnu sous Linux, aucune imprimante, aucun scanner, aucun appareil photo, rien de rien. Que je devrai t’appeler (moi, ndr) à chaque fois que je voudrais installer quelque chose, que ce soit du matériel ou du logiciel et, pour finir, il m’a dit que ce système n’était qu’a la portée de quelques geeks car beaucoup trop compliqué"Là je ne vous cache pas qu’heureusement que j’étais assis sinon je serai tombé par terre ! J’avais passé trois heures la veille à leur montrer qu’Ubuntu était très simple, que tout était parfaitement reconnu, etc. et là il me sort ça.
Donc je repasse environ une heure de plus à lui démontrer que tout ce qu’on lui avait dit était complètement faux, qu’Ubuntu était beaucoup plus adapté que Windows pour des utilisateurs novices en informatique, que la grande majorité des équipements étaient reconnus, etc.
Je comprend qu’ils aient doutés, le fait qu’un "professionnel de l’informatique" leur disent ça, ça calme quoi…
III. La joie
Après les avoir à nouveau convaincu, j’installe les systèmes comme il avait été prévu la veille, à savoir deux PC avec uniquement Ubuntu et un PC avec un dual-boot.
Je vous passe les détails des installation car ce n’est pas le sujet de cet article.
Une fois tout ceci installé et configuré, je les laisse aller sur l’ordinateur et faire ce qu’ils font d’habitude, tout leur convient très bien.
Je fais donc comme je fais habituellement, je leur dit que je repasserai dans quelques jours, que si ils ont des problèmes d’ici là qu’ils les notent et que nous les résoudrons quand je reviendrai.
Je reviens donc cinq jours après, presque aucun problème rencontré, juste un soucis pour la gravure, que nous réglons très rapidement et un problème de reconnaissance d’un jeu Java sur Internet, j’installe donc Java et tout fonctionne très bien.
Leurs impressions sont excellentes (comme toutes les personnes chez qui j’ai fait la même chose), tout fonctionne parfaitement bien, ils me redisent que tout est très simple, plus intuitif et surtout plus rapide que Windows, qu’ils ne regrettent absolument pas d’être passé sous Ubuntu ! Bref, une migration classique quoi 🙂
VI. Conclusion et interrogations
L’objectif de cet article n’est pas de vous présenter le déroulement d’une migration mais de vous présenter les arguments du "professionnel en informatique" (qui existe depuis plus de 10 ans et est devenu une référence dans cette ville).
D’une part je voulais connaître vos réactions sur le sujet et d’autre part, je me demande (et vous demande aussi) que pouvons-nous faire pour faire changer ces idées, ces rumeurs ?
Je me sens un peu dépassé, je passe mon temps à faire la promotion du logiciel libre autour de moi et cela me dégoûte d’entendre encore ce genre de paroles dans la bouche des personnes "professionnelles". Combien de personnes ont entendu parlé d’Ubuntu, ont peut-être été tenté de migrer sur ce système mais ont été découragées par ce genre de professionnels, des gens "dignes de confiance car c’est leur métier, qu’ils savent de quoi ils parlent" ?
Que pouvons-nous faire ? Que devons-nous faire ? Vaste question !